MercurySteam, célèbre studio de développement espagnol connu pour ses contributions majeures à des franchises comme Metroid Dread et Castlevania: Lords of Shadow, traverse une crise interne majeure suite au lancement raté de son dernier projet, Blades of Fire. Ce RPG d’action en solo, très attendu, s’est transformé en un véritable casse-tête financier et humain pour le studio. Tandis que les ventes déçoivent et que la maison mère Digital Bros encaisse un gouffre économique de plusieurs millions, des témoignages poignants d’anciens et actuels employés dévoilent une réalité bien plus sombre : des conditions de travail dégradées, des heures supplémentaires imposées sans cadre clair et une atmosphère de tension et de crainte au sein des équipes. Entre licenciements brutaux, répression des contestations et communication interne défaillante, MercurySteam offre à l’industrie vidéoludique un éclairage douloureux sur les dérives possibles d’un studio en quête de succès. Plongée dans les coulisses d’un drame en entreprise où la passion du jeu vidéo vacille dangereusement sous la pression.
Les dessous de MercurySteam : quand le succès de Metroid Dread cache un malaise profond
Le studio espagnol MercurySteam est un nom qui résonne fortement dans le paysage du jeu vidéo, notamment grâce à sa collaboration fructueuse avec Nintendo sur Metroid Dread, un titre acclamé mondialement. Fort de ce succès, le studio s’est lancé dans une aventure audacieuse avec Blades of Fire, un action-RPG de dark fantasy centré sur un univers original inspiré des anciennes guerres entre puissants géants, les Forgerons. Pourtant, ce virage vers un jeu 100 % maison ne s’est pas déroulé sans embûches. Rapidement, à l’orée de l’année 2025, des décisions de management contestées ont transformé le quotidien des développeurs.
Voici les principales modifications instaurées par la direction :
- Implantation d’une répartition irrégulière et parfois arbitraire des heures de travail.
- Introduction d’une heure supplémentaire quotidienne obligatoire dans certaines équipes.
- Resserrement des politiques concernant le télétravail et les congés, affectant la flexibilité des salariés.
- Communication confuse et opaque lors des réunions d’équipe avec peu ou pas de directives écrites formelles.
Ces mesures ont eu pour effet d’installer un climat d’incertitude et de frustration. D’après des témoins anonymes recueillis par le média spécialisé 3DJuegos, la normalisation de journées pouvant atteindre dix heures a provoqué de vives critiques. L’absence d’un système clair pour encadrer et valider les heures supplémentaires a contribué à une forme de pression implicite, voire d’injonction non écrite couvrant les résistances possibles des salariés.
Un exemple marquant rapporté relate une réunion où la direction a décrit avec emphase une situation de crise économique exigeant un surcroît d’efforts sans précédent. Mais ces arguments semblaient parfois crier famine pour masquer un management devenu brutal et des décisions prises à la va-vite. Cette ambiance a jeté un froid durable, fragilisant autant la cohésion des équipes que la créativité nécessaire au développement d’un titre ambitieux.
| Décision prise par MercurySteam début 2025 | Impacts constatés sur les employés |
|---|---|
| Heures supplémentaires quotidiennes obligatoires | Fatigue accumulée, stress accru, tensions entre salariés |
| Répartition irrégulière des horaires | Difficulté à concilier vie privée et professionnelle |
| Réduction du télétravail et des congés | Moins de flexibilité, sentiment de surveillance renforcée |
| Communication floue et manque de transparence | Malentendus, méfiance envers la direction, baisse de moral |
Ce climat délétère fait écho à une tendance observable dans l’industrie vidéoludique où la pression pour livrer des titres dans des délais serrés génère souvent des dérives en termes de conditions de travail.

Blades of Fire : promesses ambitieuses vs réalité de l’échec commercial
Blades of Fire, dévoilé lors de l’IGN Fan Fest 2025 avec un fort engouement, devait annoncer un nouveau souffle pour MercurySteam, après les succès passés. Basé sur un univers façonné par une guerre mythique entre géants forgerons, le jeu proposait une expérience ARPG (action-RPG) solo ambitieuse, avec un soin particulier apporté au gameplay et à la narration. Cependant, malgré un teasing réussi et une couverture médiatique notable sur des plateformes spécialisées [GameRGen], [OMGPU]), la réception commerciale a été décevante.
Quelques chiffres clés pour comprendre le fiasco :
- Sortie fixée au 22 mai 2025 sur PC, PlayStation 5 et Xbox Series X|S.
- Prévisions de vente largement surévaluées ; les chiffres rapportés sont considérablement en dessous des objectifs.
- Perte financière estimée à au moins 10 millions de dollars pour Digital Bros, maison mère du studio.
- Nombre important de copies invendues et critiques mitigées, impactant l’image de marque du développeur espagnol.
Tout cela a profondément affecté les ressources humaines, accélérant la mise en place de politiques de réduction des coûts drastiques. Celles-ci ont eu des conséquences immédiates sur le personnel, qui a finalement décidé de prendre la parole publiquement à travers des collectifs syndicaux comme le CSVI. Parmi les nombreuses réactions, quelques témoignages d’employés résument la gravité de la situation :
- Une développeuse évoque un licenciement abusif sur fond de grossesse non respectée.
- Une opposition ouverte aux heures supplémentaires finit par coûter très cher à certain salarié.
- Des menaces voilées à l’encontre d’employés impossibles à mobiliser à cause de circonstances familiales.
- Une politique générale perçue comme un harcèlement à l’encontre des salariés en congé maladie pour raisons psychologiques.
Cela illustre le double drame : un échec commercial majeur couplé à une ambiance de travail toxique, créant un cercle vicieux dont le studio aura du mal à sortir. Plus d’informations sur la genèse et les coulisses du jeu sont disponibles sur ce forum dédié et sur SuperSoluce.
Conditions de travail chez MercurySteam : témoignages qui dénoncent une dérive
À première vue, travailler dans un studio aussi renommé que MercurySteam pourrait ressembler à un rêve pour un passionné de jeu vidéo. Mais la réalité, selon plusieurs employés, est loin de cette image idyllique. L’enquête menée par 3DJuegos propose une plongée dans un environnement où les conditions se sont brusquement dégradées, marquées notamment par :
- Une politique d’heures supplémentaires devenue standard, transformant progressivement la norme légale et usuelle.
- Des journées pouvant s’étendre jusqu’à 10 heures, avec peu d’aménagements ou de compensations.
- Un système d’enregistrement inexistant pour les heures supplémentaires, entraînant une absence de validation mutuelle.
- Une pression implicite et explicite pour accepter ces surcharges, sous menace discrète de déclassement ou de licenciement.
Une employée a rapporté que la direction voulait en réalité que « personne ne demande et que tout le monde travaille dix heures », avec un suivi attentif des rares récalcitrants. Cette méthode froide témoigne d’une gestion des ressources humaines à la limite de l’abus.
Une autre facette inquiétante concerne la surveillance accrue de la communication interne. Depuis septembre, MercurySteam aurait imposé un silence presque total sur toute interaction non strictement professionnelle. La peur qui s’est insinuée au bureau est palpable. Le contrôle passe par des audits aléatoires des échanges sur les outils numériques internes, étouffant rapidement tout esprit d’équipe au-delà de la simple collaboration :
| Mesures imposées par MercurySteam | Conséquences pour les salariés |
|---|---|
| Restriction de la liberté d’expression interne | Climat de peur et isolement social au travail |
| Audit aléatoire des communications | Sentiment de surveillance constante, stress accru |
| Licenciements ciblés pour opposition aux règles | Dissuasion des contestations et démoralisation générale |
| Refus de négociation suite aux plaintes syndicales | Blocage du dialogue social et montée des tensions |
Cette ambiance n’est pas isolée mais reflète un phénomène plus large touchant plusieurs studios dans l’industrie vidéoludique, où le crunch et ses dérives deviennent partie intégrante du quotidien.
Conséquences humaines et économiques d’un drame en entreprise
L’échec commercial de Blades of Fire a entraîné une série de réactions en chaîne impactant directement les employés du studio. En août 2025, pas moins de 18 contrats ont été brutalement rompus, une opération de licenciement massif dont la méthode a choqué les insiders :
- Chasse à l’effet de surprise : demande expresse de départ immédiat sans préavis social.
- Interdiction de dire au revoir aux collègues pour éviter de créer des tensions.
- Climat chargé de peur pour ceux qui restent, craignant d’être les prochains sur la liste.
Voici un tableau comparatif des pratiques « classiques » versus celles dénoncées chez MercurySteam durant la crise :
| Pratiques habituelles dans l’industrie | Pratiques dénoncées chez MercurySteam |
|---|---|
| Notification préalable de licenciement avec période de transition | Exigence de départ immédiat sans période d’adaptation |
| Communication ouverte sur les licenciements | Interdiction de communiquer avec les collègues au départ |
| Appui psychologique et accompagnement | Absence totale d’accompagnement humain |
Au-delà de la simple statistique, ces méthodes ont profondément impacté la confiance des salariés envers leur employeur. La peur d’être le suivant fragmente les équipes, limite la prise d’initiative et freine la créativité – un cercle vicieux pour un développeur de jeux vidéo. En outre, le phénomène alimente une polémique studio en Espagne, avec plusieurs articles de presse et discussions virulentes sur la gestion interne de MercurySteam disponibles notamment sur Gamekult ou encore VGTIMES.
Quels enseignements pour l’industrie vidéoludique face à la crise MercurySteam ?
La tempête traversée par MercurySteam illustre avec force les risques qu’encourt un studio de développement face à la pression commerciale et au poids des attentes. Les conditions de travail, le bien-être des équipes et la qualité du management peuvent rapidement devenir des facteurs critiques au même titre que la qualité technique ou artistique d’un jeu.
- Importance d’instaurer des horaires raisonnables : La normalisation des journées de 10 heures nuit à la santé mentale et à la productivité durable.
- Nécessité d’une communication transparente et documentée : Les consignes doivent être claires pour éviter la confusion et la défiance.
- Respect des droits humains et syndicaux : Les licenciements abusifs et les représailles brisent la confiance et créent un climat délétère.
- Accompagnement psychologique des salariés : Un soutien doit être offert notamment sur la santé mentale, dimension trop souvent négligée dans notre industrie.
- Rôle clé du dialogue social : L’implication des syndicats comme le CSVI dans la médiation va de pair avec la nécessité d’un espace de discussion respectueux.
Face à ces constats, plusieurs initiatives émergent dans différentes régions du globe pour limiter les abus du crunch et améliorer les conditions de travail, en espérant que le cas MercurySteam serve de mise en garde. Pour creuser davantage, découvrez aussi les coulisses du développement et critiques de Blades of Fire sur ActuGaming ainsi que les analyses post-mortem sur GameRGen.
Testez vos connaissances sur MercurySteam et Blades of Fire
Que disent les employés sur le respect de leurs droits syndicaux ?
De multiples témoignages évoquent un climat où les contestations syndicales sont réprimées. Le cas d’un salarié licencié pour avoir exigé des explications écrites sur les heures supplémentaires illustre ce point. Cela démontre un mépris marqué pour les droits des travailleurs à s’organiser et à demander des garanties. D’autres salariés, quant à eux, décrivent des pressions indirectes ou directes pour ne pas faire valoir leurs demandes, ce qui aggrave la défiance envers la direction.
Quelles solutions sont préconisées pour améliorer la situation dans les studios ?
Plusieurs pistes sont avancées à travers le cas MercurySteam, notamment :
- La mise en place d’un système clair et transparent pour la gestion des heures supplémentaires avec validation écrite.
- L’ouverture d’un espace de dialogue social régulier, impliquant syndicats et direction.
- L’intégration de modules de formation à la gestion du stress et des conflits pour les managers.
- Le renforcement des droits au télétravail et à la flexibilité pour préserver l’équilibre vie privée-vie professionnelle.
- Le soutien psychologique accessible à tout moment pour les salariés en difficulté.
L’impact sur la créativité et la qualité des jeux développés
Un environnement de travail stressant et oppressant nuit directement à la créativité, essentielle dans la conception de jeux vidéo innovants et performants. Le cas Blades of Fire illustre un paradoxe fréquent : un studio brillant sur le plan technique et artistique mais affaibli par une gestion humaine déficiente. Les salariés livrent moins de potentiel créatif, ce qui se traduit par des jeux décevants, et en sus, perturbe la pérennité économique.
